Vaste demeure séculaire attenante à la mosquée de la ville, la maison
des trois cousins, Aga Djan, le riche marchand de tapis et chef
du bazar, Alsabéri, l'imam, et Aga Shodja, le muezzin, symbolise
l'harmonie de la société persane reposant sur un islam modéré
et sur un socle de mythes et de récits millénaires empreints de
sagesse. Mais lorsque l'Iran se transforme en un guêpier de valeurs
américaines, intégristes et communistes, la maison est bientôt
gagnée par ce désordre nouveau. En effet, tout change quand, à
la mort d'Alsabéri, son beau-fils Galgal occupe la charge d'imam
vacante. Adoptant aussitôt une attitude arrogante, il enferme sa
femme, propage un islam intolérant et pousse les fidèles de la
mosquée à faire sauter le cinéma de la ville qui doit être inauguré
par l'épouse du shah. Puis il devient le bras droit de Khomeyni et
contribue à l'implantation du nouveau régime à grand renfort
d'exécutions.
S'il condamne les dérives du fanatisme, ce roman sur les errements
de l'Iran au XXe siècle ne néglige aucune des multiples
facettes de ce pays et, à travers d'innombrables personnages,
témoigne tout autant d'une société attachée à son histoire, à
sa culture, à un islam modéré et sage, une société vivante et
moderne. Avec La maison de la mosquée, Kader Abdolah signe
une grande fresque romanesque à la fois très politique et d'une
force poétique indéniable.