La maison du Pléban à Dinant
Une des plus anciennes maisons en pans-de-bois de Wallonie, la Maison du Pléban à Dinant, a bien failli disparaître entre 1968 et 1978 : après bien des vicissitudes, profondément délabrée, elle était en effet vouée à la démolition par ses propriétaires.
Son sauvetage, puis sa réhabilitation en centre d'éveil à la musique, sont l'aboutissement d'une longue saga administrative et financière à l'issue de laquelle des Dinantais attachés à leur patrimoine réussirent à convaincre Ville, Province et Région de sauver ce remarquable monument dont l'état de dégradation, en 1980, augurait le pire. Les travaux de restauration furent réalisés de 1994 à 2001.
Dans ce dossier lent et difficile, objet de nombreux compromis mais qui devait connaître un heureux dénouement, l'archéologie du bâti et la dendrochronologie ont joué un rôle essentiel, ce qui n'allait pas vraiment de soi à une époque où il était encore peu question de ces disciplines en Wallonie. D'une part, elles ont suscité au sein de la population dinantaise une prise de conscience de l'intérêt que revêtait cet édifice, d'autre part elles contribuèrent à la prise de décisions en matière de restauration. En effet, les problèmes de stabilité que posait le bâtiment, les questions relatives à son état sanitaire, les difficultés rencontrées quant aux choix de réhabilitation furent sans cesse au centre des préoccupations des archéologues. À chaque étape du processus de restauration, que ce soit avant, pendant ou après les travaux, les études préalables ont joué un rôle fondamental.
Près de vingt ans après l'inauguration de la Maison de la Pataphonie, voici que paraît enfin le rapport complet tant attendu de ces recherches, maintes fois annoncé à l'occasion de colloques et de publications diverses mais toujours partielles. Toutes ces années de gestation n'ont cependant pas été vaines : elles ont permis de synthétiser les nombreuses données de terrain et de parfaire leur lisibilité grâce, notamment, aux progrès réalisés par l'infographie. L'ouvrage fait en effet la part belle à l'illustration, outil essentiel et complémentaire pour éclairer le raisonnement de l'archéologue dont les relevés à l'échelle sont autant de témoignages déposés dans les mains du lecteur. Ce dernier sera guidé tout au long de l'enquête archéologique en suivant pas à pas l'ordre chronologique de l'analyse, certes complexe, mais synthétisée en fin de volume et mise en perspective grâce à une abondante littérature de comparaison.
Depuis le sac de Dinant par Charles le Téméraire en 1466 et jusqu'à l'aube du 21e siècle, voici donc racontée l'histoire de la Maison du Pléban, vénérable maison urbaine édifiée au sein d'une ville mosane millénaire. Une histoire à lire, ou à feuilleter, révélatrice à bien des égards de l'évolution du cadre d'habiter, mais aussi exemple de méthodologie et référence dans le domaine de l'histoire de la construction.