Durant ce siècle les villes sursemées dans le pays, les maisons alignées dans les villes, les appartements empilés dans les maisons, se sont à la fois transformés. Et plus profondément, avec plus d’audace et plus de succès qu’ailleurs, en ce Paris dont les rues, sans cesse allongées, élargies, encaissées entre deux rangs d’édifices énormes, ressemblent, encombrées à certaines heures de voitures et de piétons, à un fleuve en folie charriant un peuple déraciné.
La rénovation des villes a marché de pair avec leur extension toute contemporaine : de Charlemagne à Napoléon il avait fallu à Paris un millier d’années pour conquérir les 600.000 âmes qu’il abritait en 1811 ; il lui a suffi de quatre-vingt-cinq ans pour porter ce chiffre à plus de 2 millions et demi d’habitants.
La taille de notre capitale ne s’est pas accrue en proportion de son effectif. Sa superficie, comparée au nombre de ses citoyens, correspondait, pour le Parisien du premier Empire, à 55 mètres carrés par tête ; pour le Parisien de la troisième République elle n’équivaut plus qu’à 33 mètres carrés. Force a donc été de se serrer encore et, dans le milieu surtout, de grimper sur les épaules des occupants primitifs, en multipliant les couches de locataires amoncelés.