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Le lieu : un petit appartement d’étudiant, çà et là, quelques meubles. Un lit. Un homme allongé et le narrateur, son compagnon qui le veille et l’accompagne. La maladie est un huis clos. Le narrateur nous invite à y assister. La maladie s’est emparée d’un corps. Dans cette chambre coexistent aujourd’hui la vie et la mort. Au début, ce n’est presque rien, pas de signes importants, simplement une petite fatigue qui s’installe. Puis ça se manifeste, la maladie s’exprime à travers le corps, prend forme humaine, la forme d’un corps qui se détériore, au gré de sa fulgurance. Le lecteur devient caméra. Nous suivons cet homme qui souffre, cette gravité. La maladie est un texte sur l’amour et sur le couple. Il nous interroge sur ce que nous ferions nous dans pareil cas, car la maladie n’est pas seulement l’affaire des autres. Elle ne prévient pas. Son évolution est imprévisible. La maladie qui ronge l’être aimé met en danger, casse une routine, remet en question des choix, des sentiments, le quotidien, son organisation, la vie. La maladie aborde le sujet de la condition de l’homosexuel qui fait encore l’objet d’un jugement négatif, avec pour toile de fond le mariage pour tous qui a récemment secoué la France et démontré l’existence d’une armée d’obscurantistes qui contaminent la société.
La maladie est un tableau. Ce roman est une invitation à la réflexion.
EXTRAIT
La maladie commença lentement. Ce fut d’abord son corps qui refusa de se prêter à ses volontés et insinua une résistance sourde à ses efforts. Quand il découvrit peu à peu qu’il ne pouvait continuer à se nourrir comme il l’avait fait jusqu’alors, sans ordre ni raison, et qu’il ne pouvait plus passer des nuits blanches, sans sommeil ni repos, il ne s’inquiéta pas. Cela fut brutal ; il n’y eut aucun autre signe avant-coureur du moment où la maladie se déclara. En même temps que cette maladie sans nom, la tranquillité du sommeil vint à lui manquer et à être agitée de rêves insupportables. Ses pensées, d’intègres qu’elles lui paraissaient, se trouvèrent doublées et gâtées par d’autres, sournoises, bien plus visqueuses et inquiétantes.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- « La maladie est un roman magnifique qui réussit le défi de s’ancrer dans une réalité et un contexte tout en touchant à l’universel. Il y est surtout question d’amour, le pur, le sincère, le véritable, et de ce que l’on est prêt à faire pour la personne aimée. » (Aurélie Janssens, Librairie Page et Plume, Limoges)
- « La maladie est un roman très beau. Même si le sujet est précis, il confine à l’universel. L’écriture est juste, sobre et poétique en même temps. » (David Goulois, Cultura de Chambray-lès-Tours)
- « Ce texte m’a bouleversée. Une écriture pudique mais puissante, des ellipses qui ajoutent à la délicatesse et du coup au drame, et enfin un dénouement inattendu, complexe, désarmant. Bref un roman d’une sensibilité éblouissante, très équilibré, émotionnellement fort et subtil dans le traitement. » (Anne Mathurin, Librairie Le Terrier, Paris)
- « Un premier roman déroutant qui nous parle de la maladie, douleur universelle... Lecture intense et intimiste, ce livre me hante encore... » (Caroline Le Gal, Librairie Monet, Montréal)
A PROPOS DE L’AUTEUR
Emilio Sciarrino est né en 1988 à Palerme. Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Paris, il est doctorant à la Sorbonne Nouvelle où il a donné des cours de littérature italienne et de traduction.