La malfaçon
L'européisme est devenu le pire ennemi de l'Europe. Ne voulant plus que « l'Europe » intransitivement, c'est-à-dire sans le moindre égard pour ses contenus concrets, prêt s'il le faut à martyriser des peuples entiers, il est devenu une obstination aveugle. Au-delà de ses pires désastres économiques, sa tare congénitale est politique : le déni absolu de toute expression des souverainetés populaires. Certains, à gauche, continuent cependant de croire qu'on pourra changer l'euro austéritaire en un euro social. Mais, la crise présente l'a assez démontré, une monnaie unique aimable suppose d'être parachevée par une union politique authentique... que l'européisme présuppose sur le mode de la pure pétition de principe sans jamais vouloir en analyser les improbables conditions de possibilité.
L'urgence, politique et économique, commande donc de réexaminer de près l'option de la sortie de l'euro. Sous deux codicilles cependant : 1) reconstruire les concepts de souveraineté et de nation d'une manière qui les rendent irrécupérables par l'extrême-droite ; 2) réaffirmer que défaire l'euro n'exclut nullement de continuer à oeuvrer pour l'approfondissement résolu de tous les autres liens - extra-économiques ! - entre les peuples européens, ni même de penser à refaire un commun monétaire européen sous la forme, non plus d'une monnaie unique, mais d'une monnaie commune.