La melodie du monde
Entre Berlin et New York, autour de 1900, un intérêt nouveau pour les musiques extra-européennes donne naissance à ce qui ne s'appelle pas encore l'ethnomusicologie.
Le passage d'une troupe de danseurs musiciens amérindiens en Allemagne est pour l'anthropologue Franz Boas et le philosophe Carl Stumpf l'occasion d'un bouleversement des évidences. Comment « entendre » ce qu'on n'a jamais entendu sans y projeter le déjà connu ?
À leur suite, musicologues (Erich von Hornbostel) puis sociologues (Georg Simmel, Max Weber) tirent parti des recherches sur l'acoustique et la perception pour affiner leur écoute des rythmes et mélodies du monde.
Dans ce moment historique où différentes sciences font alliance, la persistance de schèmes coloniaux et de hiérarchies brutales coexiste avec de singulières soifs d'expérimentation de pensée, au contact de réalités mal connues.