Nombreux sont les échos actuels des batailles de mémoire, au sujet de l'Afrique, engagées en Amérique à la fin du XIXe siècle, en Europe et en Afrique depuis la fin de la période coloniale : suspicion de racisme envers les chercheurs occidentaux, affirmation du rôle des Juifs dans la traite des esclaves, revendication de la place de l'Afrique dans l'essor de la civilisation, contestation sur la couleur de peau des anciens Égyptiens... Passé d'une scène à l'autre - religieuse et philosophique, académique, médiatique, politique et judiciaire -, ce nouveau genre de guerre culturelle a été analysé sous le vocable d'« afrocentrisme » : une idéologie ou plutôt un archipel idéologique aux réticulations planétaires, qui profite aujourd'hui du développement du communautarisme, de l'internet, et de la marginalité sociale des personnes issues de l'immigration.
À croire ces batailles nouvelles, à les croire franco-françaises, à penser qu'elles opposent des fronts unis et aisément repérables, on se condamne à une lecture naïve des faits et à une analyse superficielle.
C'est à ce danger que la présente étude permet d'échapper.