Chaque nouveau recueil de Papamòskhos est frère des précédents. Mêmes lieux, mêmes personnages : La mémoire du bois est le nouvel épisode d'une autobiographie éclatée, dispersée dans chaque recueil en menus fragments. Revoici les lieux où l'auteur a grandi, où il vit : une ville de province lointaine, son lac, la campagne alentour, où nous retrouvons l'auteur, sa famille, ses parents surtout, quelques amis et voisins, sans oublier les animaux - qu'il aime et respecte, alors même qu'il les chasse, va comprendre -, et parmi les personnages il faut également compter les arbres et toute la nature.
Mais l'autobiographie n'est qu'un moyen. Ce qu'il nous raconte, ce que notre monde moderne oublie, c'est la parenté profonde entre nous, notre espèce et Mère Nature ; c'est que la Création forme un tout, comme au temps du dieu Pan - même si c'est plutôt le Dieu chrétien qui se promène ici ou là dans ces pages, c'est tout est vivant, même les êtres prétendument inanimés, c'est que tout se répond. Si ce prosateur grec est poète, c'est d'abord une question de regard : alors même que la maladie et la mort hantent la plupart de ses pages, il voit la vie qui foisonne partout ; une vie qui apparaît dans un débordement d'images, aussi fréquentes qu'en poésie, aussi hardies, montrant les liens entre les êtres et les choses, révélant la fraîcheur oubliée, la splendeur cachée du monde. Lire ces pages, c'est voir palpiter l'âme ancienne d'un pays comme la flamme fragile d'une veilleuse. Et c'est peut-être dans cette Mémoire du bois qu'elle luit, qu'elle rayonne de façon plus pure encore que dans ses livres précédents.