La mémoire littéraire de la guerre d'Algérie dans la fiction algérienne francophone
Le sujet de ce livre est la mémoire littéraire de la guerre d'Algérie dans la fiction algérienne francophone, plus précisément l'évolution de cette mémoire jusqu'en 2003. Cette formulation soulève en réalité bon nombre de problèmes. C'est en premier lieu la notion de mémoire, ou plus exactement les rapports entre mémoire et littérature, dont il est question.
La littérature peut être considérée comme une forme spécifique de mémoire culturelle. Quelles formes de mémoire la littérature privilégie-t-elle, comment les traite-t-elle, et quel rôle joue-t-elle vis-à-vis des mémoires constituées ou en cours de constitution ? Si les oeuvres littéraires peuvent être vues comme un « dépôt », un « réceptacle » de traces mémorielles, elles sont aussi constitutives de mémoire, en ce sens que par leur organisation, leur hiérarchisation, leur dramatisation ou leur point de vue narratif, elles structurent et « informent » la ou les mémoires. Cette question théorique très générale est abordée à travers le traitement de la guerre d'Algérie, thème toujours fécond et producteur, depuis un demi-siècle et aujourd'hui encore, d'oeuvres de genre et de statut variés. Comment la littérature traite-t-elle la mémoire individuelle et collective de la guerre d'Algérie ? Et plus précisément : comment cette mémoire prend-elle forme dans les oeuvres d'écrivains aussi divers que Myriam Ben, Maïssa Bey, Rachid Boudjedra, Mohammed Dib, Assia Djebar, Malek Haddad, Mouloud Mammeri, Yamina Mechakra, Rachid Mimouni ou encore Malika Mokeddem, qui ont vécu cette guerre en position de colonisés - et bien souvent de combattants, et plus souvent encore de victimes ? Ce livre s'appuie donc, dès l'abord, sur une tentative préalable d'analyse de la notion de mémoire appliquée à la guerre d'Algérie, et des différentes formes de mémoire suscitées par le conflit colonial. Il constitue une contribution fondamentale sur le sujet.