« J'ai découvert le monde à travers des gens comme Hanna Krall et Ryszard Kapu(...)ci(...)ski », confiait récemment Svetlana Alexievitch, lauréate du prix Nobel de littérature.
Réunir en un seul volume les deux grands noms du reportage polonais, dont se réclament aujourd'hui les meilleures plumes
de la « littérature du réel », est l'occasion de faire découvrir leurs textes les plus anciens, d'une remarquable qualité littéraire.
Les récits-reportages de Kapu(...)ci(...)ski sur les années 1960 et ceux de Krall sur la décennie suivante abordent souvent des thématiques semblables et témoignent d'une même empathie face aux plus démunis, aux victimes de l'oppression. Soumis à un contrôle sévère, le reporter de l'époque communiste ne pouvait critiquer le système dans son ensemble : il lui fallait se tourner vers les destins individuels, vers le détail qui prendrait soudain une signification plus large, plus universelle. « Nous disions du reportage qu'il était l'art de voir la mer dans une goutte d'eau », rappelle le grand opposant Adam Michnik. Au fil de textes où le lecteur ne boude pas son plaisir, une éclatante illustration des ruses du coeur et de l'intelligence face à la censure.