Malou Haine et Michel Duchesneau
La Messe en si mineur de Johann Sebastian Bach ne cesse de susciter une admiration sans faille. Pourtant la diversité de ses références stylistiques et de ses sources comme les différentes étapes de sa composition s'étendant sur plus de vingt-cinq années alimentent des doutes sur son unité et sa destination. Les arguments musicaux en faveur de la thèse de l'unité de la Messe en si ne manquent pas aujourd'hui. Par contre, son approche interdisciplinaire, croisant le point de vue musical et théologique, conduit à repenser la question de sa destination. On ne cherchera pas ici à voir dans la Messe en si une oeuvre « supra-confessionnelle ». Il apparaît en effet que cette messe est profondément enracinée dans une tradition de pensée luthérienne.
Voilà pourquoi la lecture que Bach a faite du texte liturgique et que nous pouvons déchiffrer dans sa musique incline plutôt à déplacer la position confessionnelle vers la considération de la finalité du culte telle que Luther l'a formulée à la lumière de l'évangile johannique. Cette perspective nouvelle éclaire singulièrement le projet monumental que représente la composition de la Messe en si. L'interprétation musicale du texte liturgique manifeste non seulement la vision théologique du Cantor, mais aussi son souci de tracer un long chemin d'initiation tout orienté vers un « culte en esprit et en vérité ».