Dans l’Europe post-napoléonienne, le théâtre apparaît comme un moyen privilégié pour expliquer aux populations le concept encore récent de la nation. Dans les pays européens, on produit alors des drames consacrés aux épisodes cruciaux des histoires nationales respectives. Mais les matières épiques défient la scène à l’italienne : excessivement longs, les drames prévoient la présence sur scène d’armées entières et comprennent des passages narratifs. L’appel de l’épopée transforme paradoxalement en spectacles dans un fauteuil des drames destinés aux populations encore largement illettrées. Une génération plus tard cependant, des mises en scène réductrices et pompeuses élèvent les mêmes œuvres au rang de drames nationaux. En croisant des approches littéraires et historiques, cet ouvrage dégage un corpus européen qui dévoile le rôle de la fiction pour la formation des nations, mais aussi les empreintes que les interprétations politiques laissent sur les œuvres littéraires.