La mobilité ethnique au Rwanda
Au carrefour de la tradition d'oralité et de celle de l'Écriture, toutes les explications - philosophiques, anthropologiques ou sociologiques - deviennent des hypothèses qu'il faut toujours interpréter avec prudence. Tel est le cas du Rwanda où la question des ethnies Hutu, Twa, Tutsi et leurs origines fait appel à l'imagination et à la mythologie. Le présent ouvrage propose une réflexion sur cette question, invoquant les notions d'« ethnisme », d'« ethnicité », d'« identités ethniques » et leurs applications contextuelles.
L'auteur relève la faiblesse de ces typologies ethniques dans le contexte du Rwanda où il estime que les « ethnies » Hutu, Twa, Tutsi - qui sont devenues aujourd'hui une réalité existentielle des Rwandais - ne sont qu'une pure construction sociale. Il les oppose à la typologie « traditionnelle » des classes sociales qu'il compare avec la féodalité en Europe ; idée par laquelle il défend la thèse de la « perméabilité ethnique », donc de la mobilité sociale. Il en démontre que les « ethnies » Hutu, Twa, Tutsi se trouvent toujours en position d'inégalité « essentielle », donc en potentiel conflit ; d'où son constat selon lequel l'« ethnisme » ou l'« identité ethnique » se fonde, au Rwanda, sur la « profession » et non sur l'appartenance collective (clanique). Il en tire enfin la conclusion suivante : le pouvoir colonial n'a jamais emmené ni inventé les « ethnies » au Rwanda ; il les a plutôt reprises de la hiérarchie traditionnelle des classes sociales ou mieux encore des « castes » pour les figer en ethnies.