Dans l'évangile de Luc, la «montée à Jérusalem» s'étend sur
dix chapitres. L'étude structurelle, mise en oeuvre ici sous
la forme d'un commentaire suivi, montre qu'en fait il s'agit
avant tout d'un voyage «catéchétique», au long duquel
l'évangéliste développe les thèmes qui lui sont chers :
la première étape s'organise autour du thème de la mission
et de la division qu'elle provoque ;
la deuxième se concentre sur le renversement qu'induit
cette mission sur le plan social, moral et historique ;
la troisième et dernière étape, en une série de péricopes
reliées par un impressionnant tuilage, précise les modalités
du salut auquel donne accès la mission de Jésus.
Celle-ci culmine à Jéricho avant de s'achever soudainement
sur l'entrée au Temple.
Au terme de ce parcours - que Luc a enrichi de ses plus
belles paraboles -, nous comprenons mieux le sens profond
de l'accueil de Dieu, tel que Jésus l'a annoncé avant de
subir lui-même le rejet. Derrière l'accueil des pécheurs, des
pauvres et des exclus parmi lesquels Jésus s'est ainsi rangé,
l'évangéliste dessine en filigrane l'accueil des païens. De
cette manière, la mission des disciples, à laquelle Luc consacrera
son second volume (les Actes des apôtres), montre
dès le début sa conformité avec celle du Maître.