« … Vous demandez si l’épreuve de la liberté ne devient pas insoutenable. Elle ne le devient que pour autant que l’on n’arrive à rien faire de cette liberté. Nous voulons la liberté pour elle-même certes, mais aussi pour pouvoir faire des choses. Si l’on ne peut ou ne veut rien en faire, la liberté devient pure figure du vide. Horrifié devant ce vide, l’homme contemporain se réfugie dans le laborieux surremplissage de ses « loisirs », dans un train-train répétitif et accéléré.
Aussi, l’épreuve de la liberté est indissociable de l’épreuve de la mortalité. Un être ne peut être autonome s’il n’a pas accepté sa mortalité. Un être ne peut être autonome s’il n’a pas accepté sa mortalité. Une vraie démocratie, qui s’auto-institue, qui peut toujours remettre en question ses institutions et ses significations, vit dans l’épreuve continue de la moralité virtuelle de toute significations, vit dans l’épreuve continue de la mortalité virtuelle de toute signification instituée. Ce n’est qu’à partir de là qu’elle peut créer des « monuments impérissables », démonstration pour tous les hommes à venir de la possibilité de créer la signification en habitant le bord de l’Abîme.
Or il est évident que l’ultime vérité de la société occidentale contemporaine est la fuite éperdue devant la mort, la tentative de recouvrir notre mortalité, qui se monnaie de mille façons… »
C. C.