La professionnalisation des métiers de l'enseignement, initiée dans
les années 1990 avec la naissance des Instituts universitaires de formation
des maîtres (IUFM), s'est pensée dans l'oubli des questions
morales. On a longtemps épilogué pour savoir s'il fallait distinguer le
didactique du pédagogique, débattu sans fin des modalités à mettre
en oeuvre pour rendre l'évaluation toujours plus objective, disserté
sans relâche sur les profils cognitifs et pédagogiques des élèves... Mais
on n'a guère parlé de morale. Cet ouvrage entend réparer cet oubli.
Trois grandes conceptions normatives sont aujourd'hui en débat :
le déontologisme (option qui qualifie a priori certains actes comme
moraux ou immoraux), le conséquentialisme (point de vue qui apprécie
la moralité d'un acte à l'aune de ses conséquences) et le vertuisme
(qui, au-delà des actes, s'intéresse à l'étoffe morale de l'agent). Alors,
faut-il être déontologiste, conséquentialiste ou vertuiste ? Ni conséquentialiste,
ni vertuiste, la morale professorale est un déontologisme
tempéré, une morale du devoir tempérée par le souci occasionnel des
conséquences.