Soldat, cordonnier puis ivrogne à Helsinki en cette fin de
XIXe siècle, Ortchik Klein est juif. Ou du moins l'est-il jusqu'à
sa "protochristianisation", à laquelle il ne survivra d'ailleurs
pas. Quelques instants avant de mourir, il donne un nom à
l'enfant que sa femme vient de mettre au monde : Orvar.
À naissance atypique, vie atypique. Le petit Orvar ne fait
rien comme les autres. Il essaie ainsi de comprendre les élucubrations
hébraïques des fidèles de la synagogue et s'en ouvre à
ces derniers. C'est là qu'il découvre une grande règle de l'existence
: certaines questions méritent de ne pas être posées.
Devant le niveau d'érudition affligeant de son entourage,
Orvar se tourne vers les livres et n'en ressort plus.
Ou du moins le voudrait-il... Car le monde entier semble se
liguer contre lui pour l'empêcher de choyer ses chers livres : la
fille aînée de l'oncle qui exploite des mineures dans son usine,
le rabbin analphabète qui lui fait cours ou encore les taties de
la Garde de la défense spirituelle. Que faudra-t-il pour qu'on
lui fiche la paix ? À court de solutions, Orvar voit un beau jour
son souhait exaucé, mais pas comme il l'entendait...
Avec un style aussi pétillant qu'inimitable, Daniel Katz signe
ici l'un de ses romans les plus aboutis, mêlant un humour incisif
à un récit savamment orchestré, entre contexte historique et
imagination débordante.