La mort et le Printemps
« Il y a longtemps, le plus vieux d'entre les vieux du village avait expliqué qu'il avait assisté à la naissance de tout. Le village était né d'un grand malaise de la terre. La montagne s'était fendue, puis elle était tombée de tout son long dans la rivière. La rivière s'était répandue dans les champs, mais elle voulait couler en gardant toute son eau et peu à peu elle avait creusé sous la montagne qui était tombée. Le vieux avait ajouté que sur la terre et les pierres décrochées, une nuit la lune avait déposé deux ombres qui s'étaient réunies par la bouche. Et il avait plu du sang. C'est ainsi que tout avait commencé. »
Roman inclassable et déroutant, La mort et le printemps évoque, à travers le regard d'un adolescent, un village, perdu aux confins d'une région anonyme, aux rites et traditions étranges. Ce dernier livre de Mercè Rodoreda - auquel elle se consacra pendant près de vingt ans - est à la fois un récit initiatique, un texte poétique et un exercice de fiction complexe et ambitieux, porté par une dimension mythique et une exigence rare.