À cinquante et un ans, dans une rue de Budapest, Péter Nádas est victime d'une crise cardiaque. Conduit à l'hôpital, il y subit un arrêt du coeur de plusieurs minutes avant d'être ramené à la vie. Transpercé par la douleur, ébloui, à la merci d'images mentales et de sensations inouïes, l'auteur fait l'expérience, aux portes de la mort, d'un au-delà de la pensée conceptuelle.
Sans aucune sensiblerie, mais avec une immense précision et un humour plein de finesse, Nádas affronte ici la terrible image que nous a laissée Samuel Beckett : « Elles accouchent à cheval sur une tombe, le jour brille un instant puis c'est la nuit à nouveau » (En attendant Codot). Ce qui lui importe surtout, c'est la dimension absolument personnelle de la mort, l'enfantement par chacun de sa propre mort, au sens où Rilke l'avait perçu, il y a un siècle : « Seigneur, donne à chacun sa propre mort. Enfantée de sa propre vie. » Et c'est en effet à une naissance qu'assiste le lecteur, à son tour ébloui.