Il y a une cinquantaine d'années, Charles de Gaulle a
choisi l'image du cheval de Troie pour décrire le rôle que
joueraient les Britanniques au sein du Marché commun
européen, au cas où ils y adhéreraient, en tant que fidèles
défenseurs des intérêts américains. Aujourd'hui, au vu
du comportement du gouvernement de Blair pendant la
deuxième guerre du Golfe, on est plutôt tenté d'évoquer
le travail de la mule - porteuse docile et inépuisable - que
celui, plus subtil, du cheval en bois qui a trompé la vigilance
des Troyens.
Ce livre propose d'analyser la stratégie internationale
déployée par le pouvoir blairiste depuis la victoire des
néo-travaillistes aux élections législatives au Royaume-Uni,
en 1997. Partant d'une analyse qui postule que le
néo-travaillisme développe une politique néo-libérale
«de deuxième génération» visant à consolider les
acquis de la révolution thatchérienne, tout en infléchissant
certains aspects de la politique des prédecesseurs
conservateurs, l'accent est mis, dans ce livre, sur les
tentatives du gouvernement britannique et de la direction
du New Labour d'exporter le modèle anglo-américain
sur le reste du continent européen. Il s'agit donc non
seulement de tracer l'évolution de la politique étrangère
du gouvernement néo-travailliste - le resserrement des
liens avec les États-Unis et la recherche d'alliés fiables
au sein de l'Union européenne - mais aussi de mettre en
évidence l'ensemble des liens, politiques et intellectuels,
que l'équipe de Blair a pu forger avec les dirigeants américains,
ainsi qu'au sein de l'Europe, et en particulier en
France.