Contrairement à ce qui est généralement admis, le
capitalisme naît au Moyen Age et se diffuse largement
entre le XIIIe et le XVe siècle, sous des formes variées :
prêts d'argent et spéculations - le mot «bourse», nom
d'une famille de Bruges, date de cette époque -, vitalité
des compagnies marchandes et financières. Toutes les
strates de la société y participent. Juifs et Lombards
ne sont pas les seuls à le pratiquer, les bourgeois sont
bien plus nombreux que les étrangers, et même les plus
modestes y concourent par le biais des parts de société
qu'ils peuvent acheter.
A cet égard, parler d'un «capitalisme populaire»
n'est pas exagéré. Que l'Eglise multiplie les interdits
des prêts et de l'usure montre à quel point ils sont peu
respectés. Quant aux vrais puissants, ce ne sont pas
les grands marchands, mais les usuriers. Dans la cité,
ils tiennent le haut du pavé et s'imposent en maîtres,
les Médicis en étant la figure la plus emblématique.
Avec son talent coutumier, Jacques Heers balaye
une nouvelle fois les idées reçues pour nous offrir un
regard neuf sur le Moyen Age.