Le hassidisme est surtout connu grâce aux ouvrages de Gershom
Scholem sur la mystique juive et aux anthologies de légendes compilées
par Martin Buber. Jean Baumgarten livre la première synthèse en
français sur ce mouvement, qu'il étudie dans sa totalité : de sa
dimension théologique à son organisation sociale, des coutumes
religieuses aux techniques mystiques. Cette approche originale permet
de saisir comment s'est opérée la rupture entre le judaïsme rabbinique et
le hassidisme. Dans quel contexte ce mouvement piétiste est-il né et
comment s'est-il diffusé en Europe orientale ? Quels sont les
fondements mystiques de la société hassidique et sur quel modèle
économique fonctionne-t-elle ? Comment a émergé la figure centrale du
tsaddik, le juste, et quels sont les liens spirituels qui l'unissent à ses
disciples ? Qu'est-ce qu'une cour hassidique et comment se sont
constituées les dynasties, véritables chaînes de succession ?
Fondé sur l'analyse d'une abondante littérature, ce livre permet de
situer le hassidisme dans l'histoire de la mystique juive, d'en recomposer
la genèse, mais aussi de cerner la nouveauté doctrinale des premiers
maîtres, qui, notamment dans la prière extatique, la danse, le chant,
cherchent à provoquer l'union du corps avec le monde divin. L'on
comprend aussi comment, par rapport au judaïsme traditionnel et à la
sécularisation de la société juive, la «dissidence» hassidique est devenue
une des forces vives de l'ultra-orthodoxie.