En puisant à la fois dans les débats du passé et dans les événements du présent, l'auteur développe sa conception originale de la nation.
L'État national, forme moderne d'organisation de l'humanité, est né des contradictions internes du droit naturel des XVIe-XVIIIe siècles. Le pacte conclu entre les individus, qui était constitutif de la société, n'avait de sens que dans l'ordre du droit civil ou privé, mais laissait un vide dans celui du droit public. Ce vide est occupé par l'État, qui est donnée de l'histoire, et non le résultat d'un pacte, fiction produite par la raison. Jusqu'au XVIIIe siècle, la nation ne désignait q'une réalité ethnique et culturelle ; par sa jonction avec l'État qu'elle légitime, elle entre dans l'ordre politique. Ainsi l'État monarchique d'ancien régime, dynastie et territorial, devient, avec la Révolution française, l'État national. La subversion de l'État dynastique et territorial, aboutissement de la critique menée par l'école moderne du droit naturel, consacrait le triomphe du principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ; l'entrée de la nation dans l'ordre politique relève quant à elle d'un tout autre principe : celui des nationalités. Aux contradictions héritées du droit moderne, la forme État national ajoute celles nées des relations conflictuelles entre ces deux principes. Cet essai, qui rassemble et confronte les apports de l'histoire du droit, de la philosophie politique et de l'histoire du droit, de la philosophie politique et de l'histoire des sociétés, analyse ce double conflit. En puisant à la fois dans les débats du passé et dans les événements du présent, l'auteur développe sa conception originale de la nation.