Nous courons après le temps et nous n'en avons jamais assez. Notre attention est en permanence sollicitée pour nous inviter à vivre une nouvelle expérience. Notre attention est détournée et nous perdons de vue ce qui est essentiel. Notre rapport à la nature est lui aussi affecté par l'accélération du temps. Nous voyons la nature comme un ensemble fragmentaire dont nous pouvons tirer quelques émotions plaisantes et nous nous ruons dans les parcs naturels pour y observer la nature extraordinaire. Nous oublions que la nature est unitaire. La lutte contre le changement climatique n'arrive pas à nous mobiliser pour cette raison. Nous nous offusquons de la disparition d'une espèce animale exceptionnelle, d'un site naturel prodigieux, mais nous ne faisons plus attention à la nature ordinaire autour de nous. Or ce que le changement climatique affecte est la nature ordinaire, celle qui nous assure les conditions d'une vie sur terre. Pour sortir de cet engrenage, il faut rediriger notre attention vers cette nature ordinaire et prendre le temps de renouer notre relation avec elle.