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C’est le philologue Gaston Paris qui inventa, vers 1880, l’expression amour courtois pour désigner l’érotique révélée par les littératures des XIIe et XIIIe siècles. Érotique marquée par le respect pour la dame et une savante élaboration du désir masculin — premier « art d’aimer », crut-on, de l’Occident émergeant de son long voyage au bout de la nuit. On a voulu voir dans la fin’amor des troubadours le fin du fin de l’amour, au risque de méconnaître que cet art d’aimer était en vérité une technique subtile de ne pas aimer. La permanence de la courtoisie atteste qu’elle n’est pas l’accident d’une culture. Aussi convenait-il de rechercher l’âme de ces textes. Surprise de cette enquête : la clef de l’amour élaboré dans la « chambre des dames » au XIIIe siècle est délivrée au début du nôtre sur un divan de Vienne où Freud reçoit d’un jeune juriste le récit de l’étrange attachement qui le lie à « une dame qu’il vénère mais n’aime pas vraiment ». Le Journal de l’Homme aux rats se découvre comme une autre page éblouissante de l’érotique courtoise marquant la place incontournable de la transgression dans le devenir de l’homme.