Dans la construction des savoirs académiques médiévaux, le
droit occupe une place à part. Dégagée progressivement de la
prégnance des arts libéraux, la culture juridique s'affirme
comme une science fondamentale de la vie sociale et revendique
pour ses desservants les privilèges idéologiques et
sociaux correspondant à son rôle dans l'organisation civile
ainsi que dans le plan divin du Salut. La noblesse du droit
comme savoir s'accompagne de prétentions à une noblesse ex
scientia pour les professeurs de droit. Ce faisant, le droit entre
en compétition avec les autres disciplines. Nulle part comme
dans l'Italie médiévale, les sources conservées ne permettent
de mesurer l'ampleur de ces tensions et les efforts des juristes
pour fonder en raison leurs prétentions. Entrant dans la discussion
sur la nature de la noblesse, les juristes construisent
une image en majesté de leur discipline devenue vera philosophia.
Le ius commune que ces docteurs défendent et
enseignent est cependant l'objet de vives critiques qui émanent
également d'intellectuels en marge des formations académiques
: les humanistes. Ces derniers, défendant une autre
conception du travail intellectuel et de la hiérarchie des
savoirs, vont porter des coups très durs à la scientia legalis
jusqu'à ce que, à la fin du XVe siècle, une collaboration s'effectue
partiellement entre humanistes et juristes. La présente
étude se veut une contribution à la préhistoire de cet humanisme
juridique caractéristique de l'Europe du XVIe siècle.