La Notion de l'autorité a été écrit en 1942, peu avant
l'Esquisse d'une phénoménologie du droit (publié en 1981
dans la même collection), avec lequel il entretient d'étroits
rapports.
«Chose curieuse, le problème et la notion de l'autorité ont
été très peu étudiés», note Kojève en ouverture de ce qu'il
appelle lui-même un «exposé sommaire». «L'essence même
de ce phénomène a rarement attiré l'attention.» Soixante
ans après, le constat garde sa validité, en dépit de quelques
contributions notables. C'est ce qui fait le prix de cet essai
d'élucidation philosophique. Kojève procède à la décomposition
du phénomène, en dégageant quatre types purs d'autorité
humaine qu'il met chacun en correspondance avec
une théorie : le Père (la scolastique), le Maître (Hegel), le
Chef (Aristote), le Juge (Platon). Les formes concrètes de
l'autorité représentent des combinaisons de ces types purs.
Loin des circonstances qui ont présidé à son élaboration,
et que François Terré rappelle dans sa présentation, ce petit
livre arrive à point nommé dans le débat d'aujourd'hui
autour de la disparition de l'autorité dont la nature reste
toujours aussi énigmatique.