L'enseignement des "fondamentaux" constitue traditionnellement la
fonction première de l'école dite "élémentaire". Mais savons-nous encore ce
que recouvre la notion de savoir élémentaire ? Pourtant cette notion, dont les
racines remontent à la pensée antique, est constitutive de la modernité, aussi
bien dans le domaine des théories philosophiques de la connaissance que
dans celui des doctrines pédagogiques. Polysémique et ambivalent, le savoir
élémentaire est souvent interprété comme l'ensemble des savoir-faire instrumentaux
de base (savoir lire, écrire et compter). D'autre part, il fait référence
aux principes et aux premières notions des "savoirs savants", à ce que le mouvement
encyclopédique avait nommé en son temps les "éléments des
sciences".
Cette dualité possède un double enracinement philosophique et pédagogique.
Si l'élémentarité est une des caractéristiques fondamentales de l'épistémologie,
elle constitue en même temps une exigence pédagogique tout
aussi traditionnelle. L'enseignement des savoirs élémentaires devient donc
problématique dans la mesure où il est tributaire de la tension inévitable existant
entre l'ordre des fondements et celui des commencements.