La connivence actuelle entre l'art, la mondialisation libérale, la mode,
l'univers du luxe, a profondément modifié le statut d'une grande
part de l'art contemporain et le rapport que nous entretenons avec
ses objets. Si la modernité a pu se comprendre comme un vaste
mouvement de désacralisation de l'art, l'examen critique auquel se
livre Jean-Pierre Cometti montre qu'une logique inverse est désormais
à l'oeuvre : une nouvelle aura exerce ses pouvoirs sur nous, dans le
fonctionnement esthétique d'objets d'art fétichisés et, plus largement,
dans la forme, somptuaire et spéculative, des économies culturelles
auxquelles ils prennent part.
La Nouvelle Aura s'intéresse ainsi aux mécanismes de diffusion de l'art
(les biennales), aux pratiques de valorisation (la collection privée et ses
mécanismes d'accumulation) et à la réification qui finit par arraisonner
tous les modes d'intervention artistiques, jusqu'à la performance.
Ce livre marque l'aboutissement de la réflexion
esthétique de Jean-Pierre Cometti, en intégrant
l'héritage pragmatiste (antiessentialiste, contextualiste,
attentif à la texture des usages et non
à des substances) dans un horizon élargi : celui
d'une théorie critique de l'art et de la culture
contemporaine. Cette réarticulation de la théorie
critique marxiste et du pragmatisme, dans le sens d'un outillage de
l'une par l'autre, constitue à coup sûr l'un des intérêts philosophiques
majeurs de cet ouvrage.