Libérer la judéité d'une modernité mortifère, dans laquelle, pour exister dehors où s'érigeait l'empire exclusif du politique, elle devait renoncer à elle comme force historique dans le politique, et accepter son exil dans un «dedans» d'occultation et de négation : assumer sa mort pour la vie...
Telle était, dès l'origine, l'ambition de cet ouvrage dont l'écho fut immédiat.
Cette première critique de la modernité juive, finissante et caduque, en une époque où la crise du politique est évidente, veut fonder la Nouvelle Jérusalem, où le juif ne sera plus étranger à lui-même dans l'histoire. Ouverture d'une nouvelle «modernité» juive, d'une ère nouvelle de la judéité dans le monde contemporain.
Voici donc la formulation de ce qui apparaîtra peut-être comme la première théorie juive du politique : elle affronte et traverse à visage nu le fait politique contemporain, le dépasse activement au lieu de s'y adapter et de le reproduire. A seule fin de rompre avec l'enfermement dans le monde privé, de sortir les disparus de leurs caveaux, de faire de l'ancien du nouveau, et de la décrépitude nocturne une aurore.