La paix avec les morts
« Une petite fille nous aborde : Qu'est-ce que vous cherchez ? Elle a un regard joueur et curieux, je lui explique. Ici, il y a des années, c'était un hôpital, et j'ai enterré de très nombreux corps dans des fosses. Elle joue avec un bout de bois, un peu gênée : Je sais. On dort sur les morts. La nuit, parfois, on les entend parler. »
C'est à un voyage hors du commun que nous convient Rithy Panh et Christophe Bataille, huit ans après L'élimination - un voyage vers l'enfance et vers les rizières où furent tués, par l'idéologie, la faim et la violence, 1,8 million de Cambodgiens. Le cinéaste cherche le tombeau de son père ; la fosse où furent englouties sa mère et ses soeurs ; mais aussi le grand banyan où il s'abrita, désespéré, avec ses boeufs. Rithy Panh et Christophe Bataille roulent à travers le pays, parlent avec les bonzes, questionnent les villageoises âgées, trouvent ensevelis des ossements ou des tissus ensanglantés. L'oubli guette, et la négation.
Rithy Panh poursuit son chemin, nouant un rapport unique avec les vivants, qu'il côtoie, victimes, bourreaux, complices.
D'une conversation avec Noam Chomsky à des échanges avec le père Ponchaud, d'un entretien avec Robert Badinter aux
lettres enfantines, d'une méditation sur l'idéologie aux visites aux femmes-devins, les auteurs nous offrent un grand livre.