Dans toute l’Europe, la fin du xiiie siècle et la première moitié du xive siècle sont marquées par l’explosion d’importantes révoltes, souvent urbaines, dont les meneurs exigeaient une « meilleure » répartition du pouvoir. Comme pour accentuer le caractère dramatique de la situation et exacerber les tensions, c’est de 10 à 15 % de la population du nord de l’Europe qui disparaît au cours de la famine de 1315–1317. Toutefois, loin d’afficher unehomogénéité de profil, ces révoltes se singularisent par la personnalité de leurs acteurs, la nature des revendications exposées, l’aspect de la contestation et l’issue de l’affrontement. On le verra tout au long de ces pages, le programme politique des rebelles était bien plus complexe qu’une simple réaction conservatrice ou qu’une volonté de réforme totale de la société, de révolution. Les structures et réseaux – politiques, sociaux ou familiaux – des partis en présence se révèlent dans leur variété et leur complexité tandis que les modalités de la rébellion sont analysées sous les angles complémentaires de la violence, du dialogue, de la concertation et de la négociation. Plus largement, on découvrira la façon dont la situation économique et les famines servirent de ferment à la contestation. Grâce aux contributions d’experts de ces questions, historiens comme juristes, le présent livre entend améliorer notre connaissance des luttes socio-politiques qui furent livrées à Liège autour de la Paix de Fexhe, non seulement en retournant aux sources, trop souvent négligées au profit d’une lecture partisane de l’histoire, mais également en mettant les événements en perspective avec ce qui, à la même époque, se déroule dans les anciens Pays-Bas et en Europe.