«Le clonage suscite toutes sortes d'interrogations techniques ou psychologiques. Mais est-il immoral?
L'adoption d'enfants par des couples de même sexe pose certainement des problèmes d'acceptation sociale. Mais est-elle immorale?
Différentes pratiques sexuelles (sado-masochisme, échangisme, etc.) heurtent la sensibilité de ceux qui valorisent des normes de fidélité et de réciprocité. Mais sont-elles immorales?
La pornographie est un genre qu'on peut trouver contestable pour des raisons esthétiques ou politiques. Mais est-elle immorale?
La prostitution est, dans la plupart des conditions où elle s'exerce, un système d'exploitation répugnant. Mais l'acte d'échanger des services sexuels contre rémunération est-il immoral?
À toutes ces questions, il faudrait répondre non. Pourtant, on continue de dénoncer le clonage, l'homoparentalité, les pratiques sexuelles non conformes aux normes de fidélité ou de réciprocité, la prostitution, la pornographie, comme "immoraux".
Au lieu d'aider à démonter nos préjugés, tout indique que l'appel à la morale, au contraire, les renforce.
Au lieu d'aider à calmer nos appréhensions injustifiées face à tout ce qui paraît neuf ou déviant, l'appel à la morale les alimente.
Et, progressivement, la panique remplace la réflexion.
Ne serait-il pas temps de penser ironiquement - philosophiquement - tout ce fatras d'effrois et de trop hâtives conclusions?»
R.O.