La parole qui vient en nos paroles
Ce que nous devons dire, c'est aux poèmes de nous l'apprendre. Plus ou moins tard au cours d'une vie, nous sommes amenés à le reconnaître, puis à l'admettre : une parole n'est la nôtre que si elle est davantage que la nôtre. Il nous faut dans cette perspective un regard qui questionne nos poèmes, celui que la lecture nous offre, la fréquentation amicale des autres. Le livre que voici, composé d'entretiens et d'études, présente ainsi une sorte d'autobiographie critique. L'auteur qui dit je n'a-t-il à travers ce qu'il a écrit désigné que lui ou a-t-il participé à la tâche commune, donner figure à la parole de toujours et de partout ? Il ne peut éviter l'incertitude, elle est du reste nécessaire, mais il n'a pas rêvé seulement, il en est sûr : même en des temps obscurs où on l'oublie, la poésie ne cesse de se renouveler en renouvelant l'écoute ou la confiance qui nous grandit, qui nous relie.