Du fond des âges vient la nation française. Depuis plus de 2500 ans, il existe une exception française. Balbutiante au temps de la Gaule, elle s'est exprimée de plus en plus nettement à partir des Capétiens jusqu'à Charles de Gaulle. Souveraineté de l'Etat, indépendance de la nation face aux empires, réduction des oligarchies et des féodalités, libertés des citoyens, opposition de la nation, qui est la mesure parfaite, au gigantisme des agrégations conjoncturelles, artificielles et matérielles ou au tribalisme des communautés a-historiques : voici toutes les lois de la politique française. Voici la pensée française.
Après un brillant raccourci historique sur la spécificité de la nation française, une magistrale étude de l'identité nationale et des valeurs que porte la France, une réponse à la question «qu'est-ce que la France ?», Charles Saint-Prot dresse le diagnostic des maux dont souffre notre pays et des dangers qui le menacent : la perte de sa souveraineté, sa disparition dans une Europe germano-américaine, le réveil des féodalités et des séparatismes, les vieilles idéologies de la dissolution et du renoncement. Aujourd'hui, la France est malade de la cassure de plus en plus large entre un pays réel, attaché à la nation, et des cercles dirigeants, engagés à marche forcée vers le post-national, pris d'une frénésie d'abstraction, tous convertis au régionalisme ethnico-féodal, à l'Europe bureaucratico-fédérale et au mondialisme bon chic. Voici la domination d'une pensée unique qui n'est jamais qu'une religion de l'immédiat selon laquelle il n'y aurait plus de place pour la volonté politique de l'Etat-nation, voué à la disparition par le sens de l'Histoire.
La France a connu bien des périodes de perdition à chaque fois que la fatalité des choses a triomphé de la force morale, c'est-à-dire à chaque fois qu'elle a renié une certaine idée d'elle-même. Les Français ont perdu leur monnaie, leur droit, de larges pans de leur souveraineté, une grande partie de leur défense nationale ; mais on ne peut leur enlever l'essentiel : cette pensée française qui reste «l'un des môles auxquels l'espérance nationale s'est toujours accrochée» et qui sera demain l'instrument du renouveau national en vertu de son éternel esprit de résistance. Quand les institutions politiques et la plus grande partie des prétendues élites défaillent au point de ne plus croire en l'avenir de la nation ; quand les dirigeants politiques renoncent à la mission de la France et à sa souveraineté même ; quand une certaine idée de l'homme libre est menacée par le vieux totalitarisme matérialiste ; quand les idéologies reprennent le pas sur le réel et que l'on assiste au réveil des vieux rêves d'empire, c'est autour de cette pensée qu'il est urgent de se rassembler.
Aujourd'hui, comme hier, la pensée française s'appelle Résistance.