La revue La Pensée libre a été une des toutes premières
publications de la Résistance. Son premier numéro a paru
clandestinement en février 1941, le deuxième et dernier, un an
plus tard. Elle a été fondée par trois intellectuels communistes,
l'écrivain Jacques Decour, le philosophe Georges Politzer, le
physicien Jacques Solomon. Ils ont été arrêtés en 1942 par la
police française et remis aux Allemands qui les ont fusillés.
Au moment où la France était au fond de l'abîme engendré
par la défaite de juin 1940, alors que l'ensemble des journaux
martelaient que le triomphe des nazis était durable et qu'il n'y
avait d'autre solution que d'accepter le régime de Pétain, La
Pensée libre venait apporter une lumière toute différente sur la
réalité de ce qui se mettait en place.
Elle mettait à nu la nature du régime hitlérien et celui de Vichy.
Elle les replaçait dans l'histoire respective des deux pays,
montrait quelles étaient les forces qui les avaient soutenus, la
nature de ce qui les unissait et surtout, elle indiquait de la façon
la plus claire ce qu'ils amèneraient. Les informations données
faisaient toucher du doigt le fantastique bond en arrière de
civilisation que les nazis et Vichy étaient en train d'imposer.
Pour ceux des Français qui ne s'y résignaient pas - et comment
s'y résigner au vu de ce que présentait La Pensée libre ? -, la
seule réponse possible était la lutte.
La Pensée libre était une revue de combat et c'est parce qu'elle
était une revue de combat qu'elle pouvait parler si haut et si
clair.
La reproduction des deux numéros de La Pensée libre est suivie
d'un appareil critique et de textes d'Aragon, de Claude Morgan,
d'Henri Lefebvre qui rappellent qui étaient ces résistants de la
toute première heure.