Nous trouvons toujours des excuses aux méchants : la mauvaise éducation, le poids des circonstances politiques, économiques ou sociales. La tradition des Lumières a ainsi vu dans le mal l'expression nécessaire d'un manque ou d'une faiblesse de l'homme : sa finitude (Kant), ou sa paresse (Arendt).
Bettina Stangneth refuse d'entériner cette défaite de la raison pratique.
Elle montre au contraire que la méchanceté est le fruit vénéneux d'une volonté positive : la pensée mauvaise.
Les tenants de celle-ci, nazis, jihadistes et autres malfaisants, ont ceci de commun qu'ils légitiment leurs crimes en remettant en cause le principe même d'une moralité universelle : la raison.
Après avoir décrit les formes variées que prend aujourd'hui cette haine de la raison - cynisme, divertissement, obsession du soi et de son identité singulière, confusion entre les faits et les interprétations, la vérité et la fausseté, la science et l'opinion -, l'auteure montre surtout que les Lumières aujourd'hui, pour autant qu'elles sachent se défendre contre la pensée mauvaise, sont toujours porteuses de leur promesse d'une humanité qui s'améliore.