Les théologiens contemporains usent volontiers de la «périchorèse» comme d'un mot magique, emprunté aux Pères grecs pour repenser l'unité de la Trinité. Cette notion évocatrice et quelque peu mystérieuse suscite aujourd'hui un réel enthousiasme, et certains y voient spontanément un outil aux multiples ressources, sans que l'on sache toutefois ce qu'elle recouvre exactement. Aussi, d'autres relisent déjà cet engouement récent comme la séduction exercée par une solution de facilité. Le premier objectif de cet ouvrage est de poser un discernement théologique et de redéfinir en conséquence le concept avec rigueur et créativité.
Il est pour cela nécessaire de délimiter avec précision les fondements et l'actualisation possible de cette notion. Par une enquête patristique approfondie, la base des développements ultérieurs se laisse reconnaître dans le sens fixé par Jean Damascène, à savoir l'immanence mutuelle du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Cependant, entre les Pères et nous, une réception médiévale diversifiée produit les premières élaborations conceptuelles autour de la circumincession (Bonaventure) ou de l'intériorité réciproque des trois personnes divines (Thomas d'Aquin). Par-delà ces analyses, l'ouvrage élabore une proposition pour une théologie renouvelée de la périchorèse trinitaire, refondée sur l'Évangile et en prise avec les enjeux oecuméniques de la pneumatologie. Le résultat principal est d'actualiser et de développer le motif de la tradition comme réciprocité relationnelle et communion interpersonnelle, afin de préciser son meilleur rôle possible dans une approche du mystère trinitaire comme vie éternelle.