Spartacus
30 janvier 1933 : Hitler prend le pouvoir en Allemagne, la dictature nazie installe un régime de terreur sous le regard incrédule ou indifférent du reste de l'Europe qui ne comprend pas encore quelle catastrophe est en train de se produire. Pourtant, des voix se sont déjà élevées pour la mettre en garde. Parmi elles, celle de Daniel Guérin qui, l'automne précédent, a livré au public français un premier reportage sur cette Allemagne contaminée par la peste brune, en train de rouler vers le gouffre. Quelques semaines plus tard, il repartira en Allemagne pour un second reportage, cette fois sur la mise au pas de la société allemande.
Dans ces deux textes, le futur auteur de Fascisme et grand capital nous livre à chaud son analyse du phénomène : une petite-bourgeoisie épouvantée et enragée par son déclin ; le plus puissant mouvement ouvrier d'Europe affaibli par un chômage massif, ses divisions et les carences de ses directions ; une grande bourgeoisie que la crise accule à des solutions de force.
À notre époque, quand prolifèrent à travers le monde les régimes autoritaires, quand les politiciens exacerbent les différentiations ethniques et religieuses jusqu'au massacre, quand dans la vieille Europe resurgissent les nationalismes qui se nourrissent du sentiment d'abandon d'une large partie de la population face à des couches dirigeantes qui ne font plus des États nationaux l'instrument principal de leur pouvoir, ces textes à la fois alertes et pénétrants sur la prise du pouvoir par les nazis restent riches d'enseignement.