En cette fin de siècle, la répartition du PIB en Afrique Noire se fait entre les secteurs agricole, moderne et informel. L'informel, tel le tiers-état d'avant la révolution, n'a quasiment aucun droit de cité, alors qu'il assure la survie des économies contemporaines. C'est lui, ce misérable informel, qui accueille l'essentiel de l'exode rural depuis bientôt trente ans ; lui encore qui bénéficie des taux de croissance les plus élevés, et offrira trois emplois sur quatre dans les villes bouillonnantes de l'an 2000 !
La petite entreprise analysée ici appartient plutôt à la frange supérieure de l'informel, souvent l'artisanat utilitaire où devraient être fabriqués ces produits de substitution dont la dévaluation de 1994 était censée être la grande accoucheuse. Pourtant, que la route est longue et parsemée d'embûches avec la concurrence internationale, l'étroitesse des marchés, la paupérisation et la faiblesse technologique du continent. La création d'entreprise est devenue un sport dangereux, et il faut inventer des chemins nouveaux, en s'inspirant peut-être plus de l'Inde ou du Ghana, que du moderne Occident.
Ce voyage au coeur de la petite entreprise est illustré par des études de terrain, réalisées en milieu rural et urbain, au Burkina Faso, au Sénégal, en Centrafrique et en Guinée.