La Petite Suzanne
Dans l'attente du retour de son mari grièvement blessé à la guerre et pour élever Pierre, deux ans, et Jeanne, trois mois, Rosine accueille en nourrice Suzanne, pupille de l'Assistance publique. Mais l'enfant est fragile et meurt prématurément, au grand désarroi de Rosine qui, pour conserver l'indispensable pension, en vient à un acte insensé : substituer Jeanne à Suzanne. Les années passent et la peur que l'imposture soit découverte s'estompe... jusqu'au texte de loi du 19 juin 1923 qui autorise l'adoption des orphelins mineurs. Un couple se portant candidat pour adopter Suzanne, Rosine risque de perdre sa propre fille...
« Comment pourrait-on lui arracher sa Jeanne »
Petit à petit, Suzanne s'est substituée à Jeanne si bien que, aujourd'hui, elle a l'impression d'avoir baptisé sa propre fille Suzanne dès le jour de sa naissance. C'est comme si le bébé de l'Assistance publique et sa fille s'étaient fondus en une sorte de bébé siamois pour ne devenir qu'un seul et même enfant. La lecture de la lettre a brutalement ramené Rosine à la réalité, faisant exploser à la hussarde cette double identité, dissociant les deux fillettes : l'enfant de l'Assistance d'un côté, sa propre fille de l'autre. Une fille qui pourrait lui être enlevée d'un jour à l'autre. En lisant la lettre, le nom de Jeanne lui est revenu en pleine tête et l'a heurtée à la manière d'un coup de massue. Les images de la terrible nuit de l'échange explosent. Mais non, la petite Suzanne dont parle la lettre, ce n'est pas Suzanne, c'est Jeanne, sa petite Jeanne à elle !