L'esthétique est partagée entre deux objets : l'art et le goût. Tout amalgame nuit à leur compréhension respective. Historiquement, la philosophie de l'art s'est fondée sur la relégation de la question du goût au second plan, derrière l'objectif de la construction théorique du concept d'art. Et cette fondation coïncida plus ou moins consciemment avec l'émergence dans la sphère pratique d'une notion autonome de l'art. Dominique Chateau réexamine ce double héritage, qui implique non seulement la relation de la philosophie à l'art (avant et après Hegel), la question du désintéressement, celle du Beau, mais encore l'histoire du nom de l'art et, dans son prolongement, les thèmes de la modernité, de l'avant-garde et du postmodernisme. L'auteur montre ainsi que la philosophie est légitimée à assumer la compréhension intellectuelle de l'art, à condition d'y introduire la compréhension de sa spécificité et, par conséquent, des raisons pratiques de son épanouissement.