« Dans la mesure où l'on rencontre mille personnes qui aiment le pouvoir pour une seule qui a le sentiment de la beauté, nous voyons les ignorants qui s'apprêtent à embellir leurs jardins d'agrément, ou même l'emplacement qu'ils ont choisi d'habiter, se hâter de niveler leur terrain. Leur conception de l'embellissement ne va pas au-delà car, soumettre ou aplanir, telle est selon eux la seule et unique ambition de l'homme.
Quand un terrain ou un paysage entier est devenu parfaitement plat, il ne reste plus, selon leur théorie, qu'à poser dessus autant de beauté qu'on le souhaite. Ce n'est qu'une question de moyens. »
Andrew J. Downing (1815-1852) est célébré aux États-Unis comme l'un des maîtres de l'esthétique champêtre. Homme de terrain et de réflexion, ses écrits pleins d'allant ne se contentent pas de dénoncer les ravages commis par l'esprit de brutalité ou le goût de l'épate : ils prêchent un style d'existence campagnard, vécu sous le signe de la « simplicité » et du confort, un art de vivre dont les préceptes se présentent ici sous forme de conseils utiles.
Avec ces textes, c'est le projet d'une Amérique agrarienne et vertueuse qui se rappelle à nous, une « autre Amérique » teintée d'utopie à laquelle Downing croyait encore, alors que déjà l'industrialisation et l'affairisme commençaient de l'emporter.