«J'Al une bulle d'air. Je la sens très bien. Quand je
suis triste elle se fait plus lourde, et parfois, quand je
pleure, on dirait une goutte de mercure. / Je la sens très
bien. Lorsque je suis content elle se fait plus légère, et
parfois, lorsqu'elle me parle, on croirait qu'elle n'existe
pas. / La bulle d'air se promène de mon cerveau à mon
coeur et de mon coeur à mon cerveau.»
Des extraits de La Pierre de la Folie parurent dans «La Brèche», la
dernière revue proprement surréaliste dirigée par André Breton.
Livre panique («Panique» vient du dieu Pan, «la totalité»), cet
ouvrage ne se réduit pas à une simple transposition poétique de
ce cahier où Fernando Arrabal annotait ses rêves, et constitue
une véritable oeuvre de passage, entre intérieur et extérieur,
âme et corps, conscient et inconscient... Une spirale musicale
qui nous invite autant à rentrer au plus profond de nous-mêmes
- par la force et la répétition hypnotique d'images déroutantes,
qui sont autant de «clés dans la clé» comme l'écrit Antonio
Bertoli dans sa postface - qu'à sortir hors de notre «moi»
habituel.
Véritable coup de hache porté à nos certitudes, la pierre que ce
texte nous permet d'extraire a sans doute de multiples facettes :
entre folie et sagesse, il n'est parfois de différence que le point à
partir duquel l'être humain contemple ses pensées...