"Adolescent, dans un livre qui est l'un des grands de notre temps, Nadja, d'André Breton, une phrase m'avait frappé : Breton lui faisait dire que la beauté absolue est indescriptible. A partir de là, au lieu de décrire des merveilles, il les reproduisait en photo. J'avais alors ressenti un malaise - sans aller plus loin. Ce malaise a perduré en moi et, au fil des ans, je me disais : comment peut-on douter de son instrument, la langue ? Dans la Pierre et le Saguaro, j'ai voulu donner à voir (expression et titre d'Eluard) la beauté absolue, pour moi (et pour tant d'autres), le désert américain. Celui du Sud-Ouest, riche de deux éléments emblématiques, l'un la pierre, dont les hauts lieux sont Grand Canyon, Bryce Canyon et ce Monument Valley que j'ai vu quatorze fois : chaque fois, en le découvrant et le redécouvrant, je suis tombé à genoux... L'autre, le saguaro, dit aussi cactus-candélabre, géant incroyable d'allure, de force, de splendeur, l'arbre-roi du désert de Sonora." (Y.B.) La Pierre et le Saguaro : à travers ces deux symboles, Yves Berger a écrit un livre comme tissé d'images. Roman minéral, cantique végétal, tout, ici, célèbre le descriptible bonheur de voir et de se perdre sur un territoire qui est, à jamais, celui des songes et de la littérature.