« Que ces pages soient avant tout une prière pour ceux qui avec moi ont partagé le pain, avec moi ont combattu et souffert, avec moi ont très douloureusement espéré, et sont enfin restés sans vie sur les interminables routes de la steppe. »
Mobilisé par l'armée italienne en 1942, Eugenio Corti prend part, comme jeune officier d'artillerie, à l'épopée du front de l'Est. Encerclées dans une poche aux côtés de la 298e division allemande, plusieurs divisions italiennes vont être anéanties par le froid et l'ennemi. Seuls quelques-uns des trente mille compagnons de l'écrivain retrouveront leur patrie. De ce fourvoiement honteux que l'on s'efforçait d'oublier - l'alliance avec l'Allemagne -, la campagne de Russie était l'épisode le plus douloureux. Une génération entière avait été engloutie dans cette guerre qui n'était pas la sienne, absorbée à jamais par l'immensité russe et les camps. Eugenio Corti, l'un des rares survivants de cet enfer, en a rapporté un récit minutieux, insoutenable de précision, et pourtant porté par une inextinguible espérance.