La plus belle eau
Gaston Bachelard écrivit dans Le droit de rêver que « le monde veut être vu ». C'est partant de cette hardie personnalisation du réel « objectif » que, à propos de trois catégories de paysages (l'univers amphibie du marais ; celui de l'oasis ; celui enfin des gravures rupestres dont la frise s'étend de l'Atlantique au Fezzan, notamment dans le no man's land séparant l'Anti-Atlas du Sahara), une poétique du paysage, cette invention humaine (car avant l'homme le paysage n'existait pas plus que la campagne ; il y avait seulement le monde), tente de se constituer.
Au fil de ces trois textes et de la réflexion à propos justement de l'invention du paysage, l'on sent bien que la poésie serait par endroits tentée de mettre pied sur les sols instables de cet archipel, tandis que l'auteur de son côté, souvent grugé par les abus de langage du lyrisme, s'efforce de ne pas s'en laisser conter, quoique, si on y regarde bien, sa belle assurance n'est à maints endroits que candide voeu pieux...