Comme Pour affoler le monstre auquel il fait suite, ce livre interroge
la situation actuelle de la poésie. Qu'en est-il de cet affairement
de la langue ? Qu'en est-il non tant de sa santé - question
trop fréquemment et un peu vainement posée - que de son inépuisable
et tenace et vivace invisibilité ? Qu'en est-il du sens et des
sens, dans cette construction d'un nous d'époque qui, pour frayer
aux marges du réel, n'en témoigne que plus fort de notre degré de
réalité ?
Les débats ne démontrent rien, ne convainquent personne, ne
contribuent à aucun progrès. Leur intensité, dans certains replis
des échanges publics, signalent seulement une existence. Celle, ici,
de la poésie, bien sûr. Mais plus largement, aussi, celle d'un lieu de
pensée (d'une utopie ?) où, loin des remous de l'immédiat, chacun
vient regarder son histoire comme un lambeau de notre Histoire.
Les deux textes rassemblés ici - un entretien et un essai critique
- n'ont d'autre visée que d'indiquer ce lieu - et si possible, d'aider
à l'approcher.