La Police religieuse dans l'ancienne France
Que le lecteur peu au fait des malices du vocabulaire juridique se rassure : « police » ici signifie tout bonnement réglementation de la religion par l'autorité publique. En 1941, lorsqu'il fait son cours de droit public devant des étudiants juristes à Paris, Gabriel Le Bras a conscience d'avancer des faits et une vision déjà oubliés dans la France laïcisée, celle qui vit sous le régime de la séparation de l'Église et de l'État depuis 1905 et qui se déchristianise depuis plus d'un siècle.
Il reste pourtant de nombreuses traces, dans notre appareil administratif et judiciaire, d'une longue tradition de police religieuse, ce qu'on nommerait, dans un langage contemporain, intervention de l'État en matière religieuse.
Comment, dans quelles circonstances, le pouvoir royal s'est-il engagé dans cette voie, alors que l'Église disposait de ses propres instruments, en particulier ses tribunaux ? Comment l'État a-t-il traité des croyances et des préceptes chrétiens, donc de l'hérésie et des pratiques rituelles, mais aussi de la magie et de la sorcellerie ? Comment la Monarchie a-t-elle coexisté avec une Église nationale, dépendante d'une allégeance de principe à l'autorité du Saint-Siège ? Comment les rapports de force et les compromis ont-ils été troublés par le protestantisme ?
Ce sont là quelques points d'une longue histoire de la tolérance et de l'intolérance que retrace avec érudition Gabriel Le Bras.