La politique à l'envers
Essai sur le déclin de l'autonomie du champ politique
Le système politique français a longtemps fait preuve d'une redoutable stabilité : solidité des partis politiques institutionnalisés, professionnalisation des élus, sacralité des sommets de l'État et des activités gouvernementales. La politique, tout à la fois activité valorisée et monde à part, surplombait la société.
Nous n'en sommes plus là. Les partis sont devenus des « mouvements » construits sur la seule adhésion à une personnalité ; les militants sont invités à céder leur place à l'habitant (démocratie participative) ou au sympathisant (primaire ouverte). Les professionnels de la politique font profil bas : les cumulants dénoncent le cumul, les énarques dénoncent l'ENA. Les institutions, d'une façon générale, sont malmenées au profit d'une grammaire médiatique qui privilégie les individus au détriment des rôles, l'authenticité au détriment de la loyauté.
C'est ce basculement, dont la crise des Gilets jaunes a été l'un des symptômes les plus évidents, que Christian Le Bart analyse ici. Une politique à l'envers, en quelque sorte.